Fétiche à Clous J.Hooper
Kongo/ Yombe
République démocratique du Congo
FIN 19ème - Bois, porcelaine, métal, pigments, amalgame rituel - H.85,5 cm
Provenance :
Collection James Hooper, Arundel
Collection Peter Adler, Londres
Publication :
Phelps, Art and Artefacts of the Pacific, Africa and the Americas : the James Hooper Collection, 1976, pl. 240, fig. 1845
Description
Cette pièce provient de la collection James Hooper (1897-1971) qui était l’un des plus grands collectionneurs d’art africain, océanien et d’Amérique du Nord du XXesiècle. C’est aussi aujourd’hui l’un des rares nkondi à ne pas être conservés dans une institution muséale. En effet, il s’agit d’une sculpture de grandes dimensions, servant à l’ensemble de la communauté, contrairement aux statues nkisi, plus petites et plus nombreuses, dont l’usage est individuel et familial.
Au-delà de sa taille remarquable, la qualité de la sculpture tient à son traitement détaillé. L’expression du visage offre un regard éclatant rendu par des incrustations de porcelaine, souligné par des pigments rouge et blanc, et accentué par les sourcils striés. L’oreille est dessinée, le nez charnu et la bouche ourlée, une barbe (striée également) encadrant le bas du visage. Le corps aux épaules massives est fiché de multiples clous et pointes métalliques laissant cependant bien visible l’anatomie rendue par des détails savoureux : dessin des omoplates, chevilles aux rotules marquées, orteils aux phalanges et ongles finement gravés. La charge magique du ventre offre une surface épaisse et craquelée. Les jambes aux larges pieds reposent sur deux blocs servant de socle.
« Le visage, est le plus beau que j’ai vu sur une statue Kongo, le corps bon, c’est pour recueillir les clous, mais le visage… » Charles Ratton (1895-1986)
« La tête ça va, mais le corps… magnifique ! Quelle force sculpturale ! » David Sylvester (1924-2001)
Ces deux citations – apparemment contradictoires – reflètent les jugements, différents et complémentaires, qu’on pu porter deux très grandes figures de l’art africain à propos du fétiche de Hooper. Illustrant l’évolution, sur plus de deux générations, de la réception de cet objet en Occident, elles rendent aussi évident l’équilibre parfait, entre sensibilité et force, qui se dégage de ce chef-d’œuvre.
Crédits photos : Philippe de Formanoir - Studio Paso Doble